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Les violences meurtrières en Syrie, un défi pour al Charaa, une inquiétude internationale
information fournie par Reuters 10/03/2025 à 17:44

La Syrie a connu sa pire effusion de sang depuis la chute de Bachar al Assad le 8 décembre, des violences qui ont fait plus de 1.000 morts, en majorité des alaouites, depuis jeudi dernier dans les zones côtières du Nord-Ouest.

Les affrontements ont opposé les forces de sécurité du gouvernement par intérim mené par des islamistes à des miliciens de la minorité alaouite fidèle à l'ancien président Assad.

Au nombre des victimes figurent des centaines de civils qui, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ont été tués en représailles d'attaques menées contre les forces de sécurité.

QUE S'EST-IL PASSÉ ?

Tout a commencé jeudi dernier, lorsque les autorités syriennes ont déclaré que leurs forces dans la région côtière du Nord-Ouest avaient été prises pour cible par des combattants pro-Assad.

Le gouvernement islamiste sunnite a dépêché des renforts dans cette région essentiellement peuplé d'alaouites pour écraser ce qu'il a qualifié d'assaut meurtrier planifié des derniers soutiens du président déchu.

Alors que le déploiement des renforts gouvernementaux prenait forme, les responsables des mosquées des régions fidèles à la nouvelle administration syrienne ont appelé la population à mener le djihad (lutte sainte) pour soutenir les forces de sécurité.

Dès vendredi après-midi, des informations ont commencé à circuler selon lesquelles des dizaines de civils avaient été tués lors de représailles dans des villes et villages alaouites.

Dimanche soir, l'OSDH, organisation basée en Grande-Bretagne, décomptait 973 civils tués.

L'organisation a également indiqué que 250 combattants alaouites et plus de 230 membres des forces de sécurité gouvernementales ont été tués.

Reuters n'a pas été en mesure de vérifier ces bilans de manière indépendante.

QUI SONT LES ALAOUITES ?

Les alaouites constituent le deuxième groupe religieux de Syrie après les musulmans sunnites. Leur foi est une émanation de l'islam chiite.

Sous le régime des Assad, les alaouites étaient recrutés dans les rangs de l'armée et de l'appareil de sécurité de l'État, pendant plus de cinq décennies de brutalité et d'exactions.

De nombreux alaouites se sont ainsi retrouvés en première ligne de la guerre civile qui a éclaté à la suite des manifestations contre le régime d'Assad en 2011.

La guerre civile avait alors pris une dimension sectaire, les groupes rebelles musulmans sunnites cherchant à renverser le gouvernement alaouite d'Assad, soutenu entre autres par l'Iran islamiste chiite et le Hezbollah musulman chiite libanais.

Après l'éviction de Bachar al Assad en décembre dernier, des militants alaouites avaient fait état de violences et d'attaques contre leur communauté, en particulier dans les zones rurales de Homs et de Lattaquié.

De nombreux alaouites affirment par ailleurs qu'ils ont souffert du régime dynastique d'Assad comme tout autre Syrien.

Ahmed al Charaa, dirigeant de groupe Hayat Tahrir al Cham (HTC), principale faction de l'offensive rebelle contre le régime Assad et qui faisait auparavant partie d'Al Qaïda, déclarait dans une interview à Al Jazeera en 2015 que les alaouites faisaient partie d'une secte qui "s'est éloignée de la religion de Dieu et de l'islam", les exhortant à abandonner Assad et à renier leur croyance pour rester en sécurité.

Depuis sa prise de pouvoir, Ahmed al Charaa s'est engagé à diriger la Syrie de manière inclusive.

En revanche, s'il s'est publiquement engagé après des Kurdes, des chrétiens et des druzes, il n'y a eu aucune rencontre déclarée avec des personnalités alaouites de haut rang.

QU'A DIT AHMED AL CHARAA ?

Dans un discours prononcé dimanche, Ahmed al Charaa a déclaré que les derniers soutiens du gouvernement Assad, soutenus par des parties "extérieures", cherchaient à semer la discorde et à replonger la Syrie dans la guerre civile pour la diviser.

Il a promis de former une commission d'enquête sur les violences et a assuré que les conclusions seraient rendues publiques.

Il s'est aussi engagé à traduire en justice toute personne impliquée "dans le massacre des civils" ou dans des mauvais traitements.

Ahmed al Charaa a également annoncé la formation d'un comité visant à préserver la paix civile, qui serait chargé de communiquer avec les habitants de la région côtière du Nord-Ouest et de leur apporter le soutien nécessaire pour garantir leur protection.

LES RÉACTIONS INTERNATIONALES

Les nouveaux soubresauts syriens suscitent l'inquiétude de la communauté internationale.

Les États-Unis, au nombre des pays qui ont imposé des sanctions à Damas, ont exhorté les autorités syriennes à demander des comptes aux "terroristes islamistes radicaux" et ont déclaré se tenir aux côtés des minorités religieuses et ethniques du pays.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré sur X que les atrocités commises contre les alaouites montraient que le président intérimaire Ahmed al Charaa avait révélé son "vrai visage" de djihadiste.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé lundi l'inquiétude de Paris, jugeant les exactions perpétrées contre des civils en Syrie "inacceptables" et appelant à une protection des populations.

L'Arabie saoudite et la Turquie, alliées de Damas, ont en revanche toutes deux manifesté leur soutien au gouvernement syrien.

Riyad a condamné "les crimes commis par des groupes hors-la-loi" en Syrie et leurs actions face aux forces de sécurité.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, dont le pays dispose de forces dans le nord-ouest de la Syrie, a appelé au calme et a déclaré que des éléments étrangers anonymes étaient en partie responsables.

L'Iran, qui a soutenu Bachar al Assad tout au long de la guerre civile, a averti que les violences en Syrie pourraient provoquer une instabilité régionale.

(Rédigé par Tom Perry ; version française Etienne Breban ; édité par Sophie Louet)

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